Lui, c'est mon père, dans un de ses rares moments de détente, il fait le con devant l'objectif. Autant dire que cette photo est précieuse, la collection "papa tranquille" est maigre. Mais malgré tout, des détails le trahissent sur cette image, les cernes sous les yeux, les mains rappées, usées par le travail... ça c'est ce qui fait partie de son quotidien. Cet homme a tout fait dans sa vie, il est ma source d'inspiration, mon modèle, et pourtant... jamais je ne voudrais mener sa vie! Comment lui expliquer que travailler 15h par jour n'est pas normal et que personne n'attend ça de lui, que personne ne pourrait supporter sa vie, que c'est légitime de devoir se poser un moment donné et lever le pied. Comment? Parce que lui dire simplement ça ne marche pas... j'ai déjà essayé. Comment lui faire comprendre que plus que l'argent qu'il met de côté et qu'il veut assurer, nous avons besoin de sa présence à lui, de son attention, de son écoute, de ses conseils, de ses sourires, de ces moments de détente partagés... Comment lui faire comprendre que j'ai besoin de lui encore en un seul morceau pour le futur, que même s'il désespère et que je prends mon temps, j'ai bien l'intention de lui faire des petits enfants un jour! Qu'ils auront besoin de lui pour les voir grandir et avoir, eux aussi, un super héro dans leur famille...

 

Donc il va peut être partir. C'est pas sûr, mais c'est quand même peut être. C'est tombé comme ça un soir, j'étais devant mes casseroles et il est venu s'asseoir dans la cuisine.
- "Je vais faire un test de compétences pour un entretien d'embauche, demain, en ligne sur internet"
- Cool!
- "C'est pour un job à Ashford"
- Ah.

Comme quoi on a tort de prendre certaines habitudes, certains concepts pour acquis. Une personne peut être là et faire partie de la famille, être l'évidence que, quoi qu'il arrive, lui au moins il sera là. Puis d'un coup toutes ces certitudes s'effondrent. En fait non, les gens auxquels on tient le plus peuvent disparaître à tout moment. Cette réalité est complètement détestable et c'est ça que je digère le moins dans cette annonce. Pourtant tu le savais! Ouai...

Alors pourquoi est ce que j'ai autant de mal? Les autres ont (presque) tous l'air de bien le vivre pourtant. Mais j'ai déjà trop dit au revoir. Je me suis déjà trop attachée à ces personnes qui ont fait partie de mon quotidien pendant mes études et qui sont retournées chez elles une fois le diplôme en poche, déjà perdu des membres de ma famille qui étaient pourtant mon rocher, mon repère. J'ai continué, je suis indépendante, passe mes journées à travailler seule mais tout ça ce n'était pas grave parce qu'une fois le week end, EUX ils étaient tous là! Mais s'il part, est ce qu'on restera toujours NOUS? 

Donc il va peut être partir. C'est pas sûr, mais c'est quand même peut être. On en saura plus demain...

Je prends quelques minutes pour déposer des mots ici, pas trop longtemps parce qu'il fait beau dehors et que j'ai un peu peur d'en perdre une miette de ce soleil!!!

Ces temps-ci sont marqués d'horreurs en tous genres et de retour à un temps où les extrémistes prennent leur droit d'expression un peu trop au sérieux. Ils me donnent envie de vomir car ça me renvoi à la gueule notre impuissance face à tout ça quelle que soit notre bonne volonté... Mon histoire est universelle, c'est ce qui me fait encore plus perdre espoir en ce monde. Je sais que je ne suis pas la seule à le penser et biensur que d'autres avant moi l'ont écrit sur leur blog... biensur. Mais ça n'enlève pas ce goût amer qui s'est englué ces derniers mois, ça ne change rien.
Une poignée de personnes, les pets en fleur, se croient supérieurs et règnent selon leurs humeurs. Le profit d'abord, le bonheur de la populasse après... peut être. Et pourtant ces gens finiront bien par crever dans quelques années et se retrouver en cendres comme nous tous. Tout ça pour quoi? 

Et ce qu'on pense ça compte pour quoi? mes actions à mon échelles sont tellement ridicules, ma raison me dit que ça ne sert à rien tout ça mais j'ai encore envie d'y croire, comme si laisser tomber voulait dire nier qui je suis... et pourtant ça serait tellement plus simple...

 

Heureusement pour me remonter le moral il y a Causette, un jour j'en parlerai ici. Une petite perle française qui a atterri dans mes mains ici en Belgique, depuis je ne la lâche plus!

Mais j'avoue que j'espère ne plus me trouver si débile lorsque je lirai ces nouvelles lignes dans 8ans... ou dans 50ans... et si j'écrivais à cette capsule temporelle finalement?



Edit: à voir, le site FutureMe suggéré par Champi-Haine =)